Mes règles débarquent… et j’ai trail !
La gestion des menstruations pendant un trail… Hum, pas très glamour comme sujet. Un peu tabou aussi… Mais quand il s’agit de santé, aucun sujet ne devrait être tabou.
Bon, pour les hommes qui me lisent, désolée, le sujet vous concerne moins. Mais ça peut tout de même être instructif pour vous. C’est toujours bien de s’intéresser aux contraintes des autres.
Cet article ne remplace en rien une consultation médicale et je vous invite, mesdames, à en parler avec votre gynécologue.
Avoir ses règles pendant un trail est une contrainte qu’il va falloir gérer. Évidemment il y a la protection hygiénique à changer, certaines vont se sentir plus fatiguées, d’autre vont ressentir de fortes douleurs et des crampes. Et puis parfois on a de l’eau jusqu’au-dessus de la taille lors d’un passage de rivières et la protection prend l’eau… Vous y avez pensé à ça, les organisateurs de trails (hein, la Bouillonnante) ?
Si vous faites partie des femmes ayant de fortes douleurs, que ce soit en trail ou dans la vie quotidienne, je vous encourage vivement à en parler à un médecin et ne pas vous contenter de la réponse « c’est normal ». Car non, avoir des fortes douleurs qui vous empêchent de mener vos activités habituelles n’est pas normal. Des investigations médicales sont indispensables. Il pourrait s’agir d’endométriose par exemple. Gardez également à l’esprit que les anti-inflammatoires (Ibuprofen, Brufen®, Diclofenac, Voltaren®, Cataflam®, Perdofemina®, Advil®, Naproxène, Apranax®, Aleve®…) sont déconseillés lors de la pratique du trail car dangereux pour les reins.
Quelle protection choisir ?
C’est assez personnel comme question. Le mieux est de tester, comme le reste du matériel, lors d’entrainements. Il se peut que la serviette hygiénique entraine des irritations à cause du plastique et des frottements. Une solution est alors d’utiliser des serviettes lavables en coton, mais elles peuvent moins bien tenir en place, ou de mettre de la crème anti-frottements (par exemple Nok®). Le tampon peut faire mal. La coupe menstruelle peut être un réel casse-tête si on doit la vider pendant le trail. L’élastique de la culotte menstruelle peut gêner…. Donc, on teste ! (A quand les sorties tests organisées en groupe comme pour les chaussures ???).
Le syndrome du choc toxique : qu’est-ce que c’est ?
Le syndrome du choc toxique est provoqué par des toxines produites par certains staphylocoques dorés. Cette bactérie peut être présente dans le vagin (et sur la peau) et se multiplier en présence d’oxygène grâce au sang qui stagne. Lors de l’introduction d’un tampon ou d’une coupe menstruelle, de l’oxygène est bloqué dans le vagin et le sang récolté par la protection va permettre à la bactérie de se développer. Les toxines libérées par les bactéries vont entrer dans la circulation sanguine et provoquer de graves symptômes. Il est donc indispensable de renouveler régulièrement la protection.
Quand le choc toxique survient, la femme pourra souffrir de symptômes dans tout le corps :
- vomissements
- diarrhées
- fortes fièvres
- fatigue
- maux de gorge
- maux de tête
- éruptions cutanées
- douleurs musculaires
- étourdissements (hypotension)
La femme peut également perdre conscience et tomber dans le coma. Malheureusement le syndrome du choc septique peut parfois conduire au décès. Le traitement consiste en la prise d’antibiotique, une hospitalisation est parfois nécessaire. Heureusement ce syndrome est rare. Mais, il est parfois sous-diagnostiqué.
Pour éviter ce syndrome, il est conseillé de changer de tampon ou de vider et laver la coupe menstruelle toutes les 4 à 6 h. Ça en fait des changements sur un ultra. De se laver les mains avant et après. Attention aussi à toujours utiliser une coupe menstruelle propre, donc avoir autant de coupes que de changements nécessaires ou avoir accès à de l’eau potable pour la nettoyer (ce n’est sans doute pas la protection la plus simple à gérer dans la nature).
Et si on empêchait nos règles de venir ?
C’est possible lorsque l’on est sous contraceptifs. La prise de la pilule en continu permet de ne pas avoir de règles. En effet la pilule oestroprogestative est prise pendant 3 semaines. Ensuite pendant une semaine, elle est stoppée (ou des comprimés sans principe actif (placebo) sont pris). C’est l’arrêt de prise qui va provoquer les saignements (on parle en médecine d’hémorragie de privation). Si on ne fait pas de pause dans la prise de la pilule, pas de règles. C’est sans danger d’enchainer deux plaquettes. Et non, les menstruations ne vont pas s’accumuler dans le corps, elles ne seront tout simplement pas créées puisque c’est l’arrêt de la pilule qui les provoque.
Lorsqu’un trail est prévu pendant la phase sans prise de pilules, rien ne vous empêche d’enchainer avec la plaquette suivante et ne pas avoir de règles.
L’utilisation d’un stérilet hormonal peut aussi empêcher les règles mais ça dépend d’une femme à l’autre, parfois elles ne disparaissent parfois pas tout à fait.
Parlez-en à votre gynécologue.
Elles sont là, je veux les stopper, bonne idée ?
Certaines femmes utilisent Exacyl® (acide tranexamique) pour stopper les règles. En fait ce médicament est utilisé en cas d’hémorragies suite à une opération ou une extraction dentaire ou en cas de règles hémorragiques (très abondantes). Stopper les règles pour raison de confort n’est pas dans les indications de l’Exacyl®. Ce médicament est soumis à prescription médicale.
Ce médicament peut provoquer des insuffisances rénales ou une occlusion des voies urinaires en cas de micro-lésions dans les voies urinaires ou rénales. Le trail étant un sport à forts impacts, il n’est pas rare d’endommager la vessie ou les petits vaisseaux des reins, ce qui provoque des saignements (parfois tellement faibles que ça passe inaperçu). La plupart du temps c’est sans conséquence mais, en cas de prise d’Exacyl®, le sang va former des caillots qui peuvent boucher les voies urinaires ou les reins. Ce n’est donc pas une bonne idée. En tout cas, il faut bien évaluer la balance bénéfices risques avec son médecin avant de prendre ce médicament.
Fatiguée, je prends du fer ?
Les globules rouges servent à transporter l’oxygène vers nos muscles. L’oxygène se fixe à l’hémoglobine contenue dans les globules rouges. Cette hémoglobine contient du fer. Trop peu de fer présent dans le corps entraine une anémie (trop peu d’hémoglobine donc trop peu de globules rouges). L’anémie va provoquer de la fatigue et de l’essoufflement, le cœur devant plus pomper pour amener l’oxygène aux muscles. Évidemment, lors des règles, une quantité non négligeable de fer est perdue. Il faut donc par l’alimentation compenser cette perte de fer. Mais, pour que notre corps fabrique de nouveaux globules rouges, il lui faut une semaine. Ça n’a donc pas vraiment de sens de prendre des compléments de fer au moment des règles pour compenser la fatigue de cette période. Il est préférable de faire une prise de sang (mesure du taux d’hémoglobine, d’hématocrite, de ferritine, des globules rouges…) pour déceler une éventuelle anémie ferriprive (due à une carence en fer) et de prendre, si besoin, des compléments de fer jusqu’à ce que la carence soit comblée. Corriger son alimentation (pas seulement pendant les règles) est également indispensable. Le fer alimentaire se présente sous deux formes : hémique (de l’hémoglobine) et non-hémique. La première provient du monde animal (viande, volaille, poisson) alors que la seconde se trouve dans le monde végétal (légumes, légumineuses, céréales et fruits). Le fer hémique est mieux assimilé que le fer non hémique. Pour augmenter l’assimilation du fer d’origine végétale, il faut l’associer à la vitamine C : une salade de feuilles vertes avec du quinoa (apport de fer) et des morceaux d’orange et du persil (riches en vitamine C) par exemple.
Si l’on se sens très fatiguée, il faut pouvoir écouter son corps et se reposer. Passez un entrainement ou le reporter au lendemain vaut mieux que de puiser dans ses réserves. Ne pas participer à un trail ne change finalement rien à nos vies, ce n’est pas grave, il y en aura d’autres.
Pour finir
Un dernier petit conseil, pensez à mettre vos protections dans votre sac de trail dans un sac ou une boite hermétique, on n’est jamais à l’abri d’une flasque qui coule, d’une chute lors d’un passage à gué ou d’une grosse pluie qui tremperaient nos protections.
C’est tout à fait possible de faire du trail pendant cette période, c’est même bénéfique pour le moral et l’humeur. Ça demande un peu d’organisation. Prenez soin de vous, et surtout amusez-vous.
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