Trail technique ou roulant, comment s’y retrouver

Trail technique ou roulant, comment s’y retrouver

30 septembre 2019 0 Par Trail en couleurs

Il est difficile ce trail ?
Il est plutôt roulant ?
C’est technique ?
Lequel est le plus difficile ?

En voilà des questions, mais comment y répondre objectivement ?

Plusieurs paramètres peuvent être pris en compte.

Distance et dénivelé positif cumulé

Il y a évidemment la distance et le dénivelé positif cumulé (D+ : addition de chaque gain d’altitude). Et surtout le rapport entre le D+ et la distance (D+/km). En effet, le même D+ sur une petite ou une longue distance n’est pas ressenti de la même façon. Un trail de 20 km avec 1000 m de D+ monte beaucoup alors qu’un 100km avec le même dénivelé est beaucoup plus plat.

Le dénivelé négatif cumulé est identique au D+ sur les parcours en boucle. Sur les trails où le départ et l’arrivée sont des lieux distincts (on parle de trail en ligne), il est également utile de se renseigner sur le dénivelé négatif.

En 2019, le trail de minimum 21 km à plat (distance et D+/100 additionnés) et minimum 70% offroad ayant le plus haut rapport D+/km était (hors course en ligne, en consultant Betrail.run) :

  • en Belgique : le Trail du Jambon 16 km et 960D+ (60 D+/km) à Membre-sur-Semois en Ardenne
  • en France : la PICaPICA du Challenge du Montcalm 109 km et 11500D+ (105 D+/km) à Auzat dans les Pyrénées

Généralement, en Belgique, sur les trails plus longs, le rapport D+/km diminue en raison des portions plus plates alors nécessaires pour allonger la distance.

Le profil altimétrique

Le profil altimétrique est un graphique qui représente l’altitude en fonction de la distance. Il va donc nous indiquer, en fonction du kilométrage, où ça monte et où ça descend, les altitudes et les pentes (si ça monte fort ou faiblement), si ça monte longtemps…

En fonction de ce profil, l’entraînement ne sera pas le même. Pour un même rapport D+/km, le profil peut être totalement différent. Une succession de montées plutôt courtes et de descentes raides comme l’on peut retrouver en Belgique ne sera pas abordée de la même façon qu’un trail de montagne avec une très longue montée de plusieurs kilomètres suivie d’une longue descente. Un mur ou un long faux plat ne sont pas non plus équivalents. Les trails avec beaucoup de up and down nécessitent un entraînement axé sur la relance et le lâcher prise dans les descentes raides, alors que l’entraînement pour un trail avec de très longues côtes privilégiera plus la résistance musculaire pour monter mais aussi pour descendre. A vous d’adapter l’entraînement.

L’altitude

Une donnée importante est également l’altitude à laquelle on va monter. Je ne suis pas une spécialiste de la montagne mais il est évident qu’un trail avec des passages sur des glaciers et à des altitudes supérieures à 3000 m sera bien plus technique que si l’on reste en moyenne montagne. Le matériel obligatoire est d’ailleurs différent, il faut parfois des Yaktrax (chaînes à mettre sous les semelles) pour les ascensions sur glaciers ou mettre un casque pour certains passages particulièrement aériens. Le High trail Vanoise avec un sommet à 3614 m et un à 3190 m est plus exigeant que la Tour de la Grande Casse où l’altitude maximale sera de 2800 m (ce qui est déjà très haut), bien que tous les deux dans le massif de la Vanoise.

Le type de terrain

Une montée dans la boue glissante ou sur un chemin bien damé, ce n’est pas la même chose. Une traversée sur un joli pont ou à gué en se tenant à une corde pour vaincre le courant, ce n’est pas équivalent. Un passage dans un pierrier ou en se faufilant entre les rochers ou même dans des grottes, sera bien moins rapide que la même distance sur un chemin forestier où l’on peut allonger la foulée. Le rapport D+/km ne nous dit pas s’il faut grimper en s’agrippant aux racines, escalader des rochers et dévaler à travers tout (hors chemin) avec comme seul repère les rubalises. Le profil altimétrique peut nous indiquer s’il y a des murs grâce au pourcentage des pentes (+ de 30% c’est costaud) mais ce n’est qu’une indication partielle, la technicité n’est pas renseignée.

 

Mais alors, comment évaluer la technicité d’un trail ?

Comment savoir si un trail est technique ou pas…

Certes, nous pouvons nous renseigner auprès de ceux qui l’on déjà couru, en posant la question dans des groupes Facebook ou sur des forums par exemple. Mais nous ne pouvons jamais être certain que l’avis reçu est objectif. Une même épreuve peut être vécue différemment en fonction de l’état de forme du traileurs, de la météo…

Le temps mis par le premier

Nous pouvons aussi évaluer la difficulté d’un trail par rapport à un autre en regardant les temps mis par le premier, ou le temps moyen. Mais cet indicateur n’est pas très fiable étant donné qu’il ne tient pas compte du niveau des coureurs.

Prenons par exemple le Trail des Avens à Méjannes-le-Clap (Gard) 25 km et 900D+ et le Trail du Haut-Koenigsbourg (Vosges) 25 km et 900D+. Les rapports D+/km sont identiques. Sont-ils tous les deux aussi technique l’un que l’autre. L’un est-il plus roulant ?

En 2019, le premier est arrivé en 1h43 au Haut-Koenigsbourg et 2h05 au Avens. Cette différence de temps est un premier indice. Mais le premier au Haut-Koenigsbourg était peut-être tout simplement plus fort que celui qui a gagné au Trail des Avens.

La vitesse 100 (Betrail)

Betrail est un site qui recense les trails et les traileurs. Il va permettre de comparer les performances de chacun (vous y êtes repris si vous avez déjà couru un trail, et classé dès trois trails dans l’année). Comme chaque course est unique, Betrail a mis au point un algorithme qui permet de mesurer la performance de chaque coureur. Cet algorithme établit un indice de performance normalisé, pour que toutes les performances soient comparables entre elles. Pour ça, il va attribuer à chaque trail une “vitesse 100”. L’algorithme va calculer cette vitesse 100 en comparant les temps des coureurs par rapport à leur performance habituelle. Implicitement, la vitesse 100 sera le reflet de la « difficulté » du trail. Elle tiendra compte de la distance et du dénivelé mais aussi de la météo, la boue, la technicité, les bouchons… Plus la vitesse 100 sera élevée plus on pourra courir vite sur le trail car il est moins « difficile ». Bien sûr, comme on court plus vite l’effort est le même (vous suivez ?), mais comme on peut courir plus vite c’est que le trail est plus facile.

Pour revenir à notre exemple, le trail des Avens (25 km et 900 D+) a une vitesse 100 de 18,08 km/h et le Trail du Haut-Koenigsbourg de 19,44 km/h (en 2019). Le trail des Avens est donc le moins roulant des deux. Mais, le premier coureur du trail des Avens a couru à 66,06 % de la vitesse 100 et celui du Trail du Haut-Koenigsbourg à 73,42 %.

Quelques exemples de vitesse 100 :

  • PICaPICA du Challenge du Montcalm 2019 (109 km et 11500D+) : 4,72 km/h
  • Echappée belle 2019 (146 km et 11100D+) : 6,04 km/h
  • Ultra Trail Di Corsica (Restonica trail) 2019 (110 km et 7200D+) : 6,98 km/h
  • Grand Raid de la Réunion (Diagonale des Fous) ( 172 km et 9900D+) : 7,15 km/h
  • TDS 2019 (145km et 9100D+) : 7,92 km/h
  • UTMB 2019 (171 km et 10300 D+) : 8,10 km/h
  • High Trail Vanoise 2019 (70 km 5400 D+) : 8,60 km/h
  • Tour de la Grande Casse 2019 (65 km et 3850 D+) : 10,62 km/h
  • Ohm Trail 2019 (35 km et 1800 D+) : 12,73 km/h
  • Trail du Jambon 2019 (33 km et 1900 D+) : 12,78 km/h
  • Trail des Passerelles du Monteynard 2019 (65 km et 3300 D+) : 12,97 km/h
  • Trail du Hérou 2019 (39 km et 1800 D+) :  13,27 km/h,
  • La Bouillonnante 2019 (29 km et 1400 D+) : 13,73 km/h
  • Ultra-Trail des Cisterciens 2019 (100 km et 2500 D+) : 15,08 km/h
  • Trail National de la Côte d’Opale 2019 (31 km et 710 D+) : 20,94 km/h
  • Ecotrail de Paris 2019 (30 km et 600 D+) : 22,69 km/h
  • Lampiris Ecotrail Brussels (22 km et 330 D+) : 23.12 km/h

 

Si on suit ce raisonnement, le Lampiris Ecotrail Brussels (22 km) est le plus facile de ces exemples et le Challenge du Montcalm le plus difficile.

C’est assez logique de retrouver la PICaPICA dans le haut du classement. Ce trail, ou plutôt cet Ultra de Montagne, cumule de nombreuses difficultés : rapport D+/km très élevé, passages à haute altitude, 16 pics à plus de 2400m dont 4 à plus de 3000m d’altitude et profil altimétrique sans portion plate.

Évidemment pour que cette donnée soit pertinente il faut comparer des trails de distance et dénivelé équivalents.

La vitesse 100 ne peut être calculée qu’après le trail et elle ne sera pas nécessairement la même que l’année précédente en raison de paramètres variables comme la météo ou la boue qui vont influencer les performances des coureurs.

La vitesse 100 est reprise dans les statistiques de l’épreuve. La marche à suivre est décrite dans cette vidéo.

 

Pour finir

Certains trouveront qu’un trail technique avec des passages plus lents est plus facile qu’un trail roulant où l’on doit courir tout le temps. Mais là c’est plus une question de préférence, d’entraînement et de capacité propre à chaque traileur. La performance est différente et je me garderai bien de dire quel type d’effort est le plus difficile.

Mais finalement, le plus important c’est le ressenti.

 

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